Il n’y a rien de meilleur que de se promener à Paris en amoureux. Mais où ? Voici quelques idées piochées sous la couverture au titre alléchant «Où s’embrasser a Paris» (soufflées par Thierry Soufflard):
Les grands classiques
«Le baiser de l’hôtel de ville»
4e arrondissement
70, rue de Rivoli
Métro Hôtel-de-Ville
La photographie du «baiser de l’Hôtel de Ville» évoque sans doute le cliché le plus romantique de Paris. Mais où Robert Doisneau s’était-il donc posté pour prendre au piège dans son Leica le couple d’amoureux aujourd’hui le plus populaire au monde?
Il était attablé à la terrasse du Café de l’Hôtel de Ville, aujourd’hui disparu. A vous de remettre au… goût du jour cette étreinte immortalisée à jamais. Prenez la pose contre les grilles de la bouche de métro, à hauteur du 70, rue de Rivoli, pour recevoir votre «baiser de l’Hôtel de Ville», le seul, le vrai, l’unique! Demandez alors à un badaud, japonais de préférence, de se prendre au jeu: photographier le tout nouveau baiser de l’Hôtel de Ville.
Discrétion assurée
Derrière l’église…
5e arrondissement
Cloître Saint-Séverin
Métro Saint-Michel
On ne risque pas de vous trouver ici! Car l’entrée du «petit paradis» est gardée par… l’Église. Pour y accéder, un guide est nécessaire. Oh, mais pas si vite! Armez-vous de patience car il faut attendre le dimanche après-midi pour s’y rendre. Les cloches de l’office vous annonceront le bon moment. Le sas du lieu magique n’est autre que l’église Saint-Séverin. Entrez, côté rue des Prêtres-Saint-Séverin, prenez la main de votre aventurier(ère) et ne la lâchez pas lors de la traversée fantastique. En allant en diagonale sur votre droite, vous apercevrez une plus petite porte. Lorsque vous l’ouvrirez, des gargouilles vous accueilleront. Elles surveillent les allées et venues dans cet ancien charnier (où des ossements étaient déposés avant le règne de Louis XIII). Mais ne fuyez pas! Car, aujourd’hui, le «paradis» est un splendide cloître doté de petits bancs à l’ombre de deux gigantesques marronniers. La cour est paisible et bien isolée. Les regards de la rue ne peuvent percer. Cependant, pour que ce petit paradis ne soit pas pour toujours fermé à clef, restez aussi discret que lui!
Les baisers les plus fous
Le mur des «je t’aime»
18e arrondissement
Square des Abbesses, place des Abbesses
Métro Abbesses
Photo: http://www.lesjetaime.com/
Les amoureux avaient déjà leur fête, la Saint-Valentin. Aujourd’hui, ils possèdent leur lieu de rencontre: le mur des «je t’aime» au pied de Montmartre. S’y retrouvent placardées, gravées, déclinées, des tonnes de «je t’aime» conjugués dans toutes les langues. En bon disciple de Phileas Fogg, Frédéric Baron, le concepteur, rêvait d’un voyage autour du monde en 80… «je t’aime». A défaut de partir, il a demandé à son frère d’écrire la phrase magique en français, puis à ses voisins arabes, portugais, russes… d’en faire de même dans leurs langues respectives. Après avoir poussé maintes portes — en particulier celles des ambassades — il a récolté trois gros classeurs, soit une moisson de 311 «je t’aime». A vous, aujourd’hui, de vous frotter contre ce mur de Assavakkit; Munsmawa, Te iubesc; Ndakuyanda; Rojai ju… Un mur qui lie et… délie les langues!
Baisers de films
Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain
18e arrondissement
Montmartre — Sacré-Coeur
Métro Anvers ou Abbesses
Un premier baiser se mérite. Cela doit être, pour les plus romantiques, un véritable parcours du combattant. Pour votre premier rendez-vous amoureux, inspirez-vous d’Amélie Poulain et de son jeu de piste. Unissez-vous d’une craie bleue. Dessinez des flèches sur les escaliers qui mènent à la basilique du Sacré-Cœur et demandez-lui de les suivre. Elles conduisent jusqu’à une longue-vue panoramique au pied de la basilique. Vous aurez pris soin auparavant de pointer l’objectif vers l’endroit où vous serez posté(e) pour observer votre petit manège: les chevaux de bois. Tandis que votre amant(e) redescend quatre à quatre les escaliers, il ne vous reste qu’à vous esquiver en attendant le prochain rendez-vous. A vous de savoir si vous souhaitez, cette fois-ci, le (ou la) récompenser par un baiser. Si vous avez le petit côté joueur d’Amélie, faites-le (ou la) mariner…
S’embrasser jusqu’à plus soif
Baiser intello aux Deux Magots
6e arrondissement
6, place Saint-Germain-des-Prés. Tél. 0145485525
Métro Saint-Germain-des-Prés
Photo: http://www.laquotidienne.fr
Dans les années 1950, Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre s’y rendaient pour écrire deux heures par jour. Suivez leurs traces; consacrez quotidiennement deux heures à mettre sur papier vos sensations après un baiser donné aux Deux Magots. Vous verrez que les impressions changent d’un jour à l’autre. En cas de page blanche, exigez de renouveler l’expérience! Ensuite, faites lire votre prose à votre coauteur et comparez. Il est toujours cocasse de décrire un baiser, surtout en confrontant deux points de vue. D’autres poètes, avant vous, sont venus ici taquiner la muse: Breton ou Desnos aimaient se rencontrer entre ces murs comme l’avaient fait Verlaine, Rimbaud et Mallarmé avant eux.
Bisous à la carte
Le Ciel de Paris
15e arrondissement
Tour Montparnasse, 56e étage. Tél. 0140647764
Métro Montparnasse-Bienvenue
Offrez-lui la lune! Ce soir, tout est possible. Le Ciel de Paris est à vos pieds. Au 56e étage de la tour Montparnasse, ce restaurant panoramique vous plonge la tête dans les étoiles, le temps d’une bisque de homard parfumée à l’anis: un grand rendez-vous gastronomique. Vous craquerez aussi pour le croustillant de pétoncles, avec son concassé de tomates à l’orange et avocat. Si, après toutes ces bonnes choses, vous daignez relever le nez de votre assiette, vous succomberez sans aucun doute au charme de votre invité(e), qui brille au milieu de toutes ces lumières de la ville. Un conseil, demandez une table légèrement en retrait des fenêtres, la vue y est plus intéressante.
Les amoureux des bancs publics
A l’assaut d’un baiser historique
19e arrondissement
Parc des Buttes-Chaumont ou Botzaris
C’est grâce à Napoléon III que les amoureux d’aujourd’hui peuvent s’embrasser dans le parc des Buttes-Chaumont. Chapeau! Lui-même amoureux des jardins anglais, Louis-Napoléon créa entre 1865 et 1867 cet immense espace vert parisien. Les adeptes du baiser «nature» lui doivent aussi, entre autre, l’aménagement du parc Montsouris, des bois de Boulogne et de Vincennes. Ne cherchez plus, l’endroit rêvé pour vous câliner pointe à l’horizon. Il s’agit du kiosque qui domine le parc et qui procure aux baisers une sensation de vertige. Vous êtes décidément dans un lieu chargé d’histoire. En effet, c’est de ce point culminant que, le 30 septembre 1814, le tsar Alexandre Ier a donné l’ordre de cesser les combats, après avoir contemplé un Paris en flammes et en larmes. Quant à vous, ne baissez pas les bras! Glissez-les plutôt autour de sa taille. Et repartez à la charge.