La Dernière des Stanfield de Marc Levy

Книги Марка Леви мне нравятся увлекательными интригами и полными юмора диалогами. Следя за приключениями главных героев, легко запоминать современные французские выражения. А вообще, лучше один раз прочитать, чем сто раз услышать.

Отрывок из нового романа «La Dernière des Stanfield» de Marc Levy:

-Vous attendez quelqu’un? me demanda-t-il.
Je restai silencieuse.
-Ce n’était pas une question piège.., reprit-il amusé.
-Tout dépend des circonstances, me hasardai-je à lui répondre, en restant sur mes gardes.
-Ah! poursuivit-il en effaçant son sourire, je comprends.
-Vous comprenez quoi?
-On vous a posé un lapin.
-Et vous, qui attendez-vous?
-Je l’ignore, et j’ai bien peur que ce soit moi qu’on n’ait pas attendu, dit-il en regardant à nouveau l’heure.

Il se gratta le front. Les hommes font souvent cela quand quelque chose les tracasse. Moi, j’entortille mes cheveux autour de mon index, chacun son truc, je ne juge pas.

— J’ai roulé toute la nuit pour venir à ce rendez-vous. Seulement, je me suis assoupi sur mon lit et je suis arrivé en retard, soupira-t-il.
-Appelez-la, et excusez-vous.
-Je le ferais si je savais qui appeler.
-Je comprends.
-Vous comprenez quoi?
-Arriver en retard à une blind date n’est pas très futé. Mais rassurez-vous, vous étiez le premier, je patiente ici depuis une demie-heure et je n’ai vu aucune femme seule entrer, à moins que vous ne les draguiez par paire, et dans ce cas, elles sont assises au comptoir. Pardon, je vous taquine et ce n’est pas très gentil de ma part. Votre rendez-vous galant n’est pas encore là, c’est elle qui est très en retard… ou qui vous a posé un lapin.
-Puisque je ne suis pas le seul que l’on néglige, puis-je m’assoir et attendre encore un peu en votre compagnie?
-Je consultais ma montre, il était dix-neuf heures trente.
-Oui, je suppose que vous pouvez vous assoir.
Il n’était pas plus à son aise que moi. Il se retourna pour héler la serveuse et voulut savoir ce qu’avait contenu mon verre.
-Un Pimm’s.
-Et c’est bon?
-Amer.
-Alors je vais choisir une bière, et vous?
-La même chose.
-Une bière?
-Non, un Pimm’s.
-Qu’est-ce qui vous amène à Baltimore?
-Posez-moi une question plus originale et dont vous ne connaîtriez pas la réponse.
-Vous me complimentiez sur ma repartie, mais là, vous avez gagné.
-J’ai gagné parce que vous ne vous appelez pas vraiment George-Harrison? Dites-moi au moins que vous êtes comédien!
Il avait un beau rire, un point pour lui.
— Comédien? Non, vraiment pas. Vous ne m’auriez pas piqué mon jeu favori?
-Peut-être.
-Et qu’avez-vous imaginé d’autre à mon sujet?
-Que vous étiez peintre, musicien et réalisateur!
-C’est beaucoup pour un seul homme. Mais vous avez tout faux, je suis menuisier. Et je m’appelle vraiment George-Harrison. On dirait que ça vous déçoit.
-Non, enfin, si vous vous prénommez vraiment George-Harrison, vous n’avez pas l’humour que j’espérais.
-Merci du compliment.
-Ce n’est pas ce que je voulais dire.
-Vous me laissez une autre chance?
-Vous l’avez déjà loupée. Vous aviez un rendez-vous galant et vous êtes en train de flirter avec moi. Est-ce que j’ai l’air d’un plan B?
-Qui vous dit que c’était un rendez-vous galant?
-Vous récupérez un point.
Je vous propose qu’on cesse ce petit jeu dès que nous serons à égalité. Et pour votre gouverne, je ne flirtais pas avec vous. Mais puisque les prénoms semblent avoir beaucoup d’importance, comment s’appelle votre lapin? Entre plans B, on peut se confier ce genre de choses.
-Match nul.
-Reprenons au début, qu’est-ce qui vous amène à Baltimore?
-Un article pour mon magazine. Et vous?
-Mon père.
-C’est avec lui que vous aviez rendez-vous?
-Je l’espérais.
-C’est moche. Un père ne devrait pas poser de lapin à son fils. Le mien ne ferait jamais ça. Mais le vôtre est peut-être juste très en retard?
-De trente-cinq ans… je crois qu’on ne peut plus appeler cela du retard.
-Ah… alors je suis vraiment désolée.
-Pourquoi le seriez-vous? Vous n’y êtes pour rien.
-Non, mais je le suis quand même.
-J’ai perdu ma mère l’an dernier et je connais le vide que provoque l’absence d’un parent.
-Changeons de sujet. La vie est bien trop courte pour l’accabler de tristesses inutiles.
-Joliment dit.
-C’est une expression de ma mère, mais assez parlé de moi. A votre tour maintenant. Qu’allez-vous écrire sur Baltimore?

C’est le moment de vérité Elby, tu lui fais confiance ou pas?
-Vos lèvres ont bougé, mais je n’ai pas entendu votre réponse.
-Vous disiez avoir roulé toute la nuit, d’où venez-vous?
-De Magog, c’est une petite ville située à cent kilomètres à Montréal, dans les Cantons-de-l’Est.
-Je sais où se trouve Magog, répondis-je sèchement.
-Évidemment, votre magazine… vous avez dû faire la tour du monde, poursuivit-il sans remarquer à quel point mon visage s’était fermé. C’est une magnifique région, n’est-ce pas? Je ne sais pas en quelle saison vous êtes venue, mais chacune révèle un paysage si différent qu’on se croirait vivre en plusieurs endroits.
-Mais tous au Canada!
Il me regarda comme si j’étais une parfaite imbécile.
-Oui, bafouilla-t-il. Sans aucun doute.
-Et la poste canadienne fonctionne bien?
-Euh… je suppose, enfin, je ne reçois que des factures.
-Et le courrier que vous envoyez?
-Je vous demande pardon, mais je ne comprends pas…
-Moi j’essaie de comprendre à quoi vous jouez. Et il serait temps que vous me l’expliquiez.
-J’ai dit quelque chose qui vous blessée? je ne veux pas vous importuner, je vais retourner à ma table.
Soit c’était le meilleur acteur du monde, soit j’étais face à Machiavel.
-Très bonne idée, allons tous les deux nous installer à cette table, je voudrais vous montrer quelque chose.
Je me levai sans lui laisser le temps de réfléchir et allai m’assoir à la place qu’il occupait tout à l’heure. Il me regarda bizarrement et vient me rejoindre.
-Votre petite histoire sur la désertion paternelle m’a beaucoup touchée, repris-je. Il faudrait avoir un cœur de pierre pour y être insensible, plus encore pour l’inventer. Maintenant, levez les yeux, regardez bien cette photo et dites-moi que notre rencontre à l’hôtel, puis ici, n’est que pur hasard. C’est ma mère que vous voyez là!
Il releva le tête et son visage devint blafard. Il s’approcha de la photo sans pouvoir prononcer un seul mot.
-Alors! insistai-je en haussant le ton.
-A côté d’elle…, murmura-t-il, c’est la mienne… de mère.
Il se retourna pour me fixer, inquiet, suspicieux.
-Qui êtes-vous? Qu’est-ce que vous me voulez?
J’allais vous poser la même question.

Il plongea la main dans la poche intérieure de son veston et en sortit une enveloppe qu’il posa devant moi. Je reconnus aussitôt l’écriture.
-Je ne sais pas de quoi vous m’accusez, mais lisez, elle m’est parvenue hier. Lisez et vous saurez pourquoi j’ai roulé toute la nuit.
Je dépliai la lettre, en retenant mon souffle. Quand j’eus fini de la lire, je sortis la mienne de mon sac et la lui tendis. Il fit la même tête que moi en la découvrant, et pire après l’avoir lue.
Nous nous observâmes, silencieux, jusqu’à ce que l’hôtesse vienne nous demander si nous dînions ensemble, et si nous avions enfin choisi une table.
-Quand avez-vous reçu la vôtre? me demanda-t-il.
-Celle-ci est arrivée il y a une dizaine de jours, une autre qui me donnait rendez-vous ici, une semaine plus tard.
-A quelques jours près, pareil pour moi.
-J’ignore toujours qui vous êtes, George-Harrison.
-Mais moi je sais maintenant qui vous êtes, Eleanor-Rigby, sauf que ma mère ne vous appelait pas ainsi lorsqu’elle me parlait de vous.
-Votre mère vous parlait de moi?
-De vous en particulier, non, mais de votre famille. Chaque fois qu’elle me faisait un reproche, elle me disait: «Mon amie anglaise a des enfants qui n’auraient jamais répondu comme ça à leur mère», ou qui se tiennent bien à table, ou qui rangent leur chambre, ou qui ne discutent pas quand leur mère leur ordonne quelque chose, ou encore qui travaillent bien à l’école… bref, durant mon enfance tout ce que je faisais de mal, vous le faisiez bien.
-Alors, votre mère ne nous connaissait pas du tout.
-Qui nous a joué ce sale tour, et dans quel but?
-Qui me prouve que ce n’est pas vous?
-Je pourrais vous dire la même chose.
-Question de point de vue, répondis-je. Mais vous ne pouvez pas savoir ce sui se passe dans ma tête et réciproquement., nous avons chacun nos raisons de nous méfier l’un de l’autre.
-Je crois que l’on nous a réunis ici pour que nous fassions tout le contraire.
-Expliquez-vous.
-Nos mères se connaissaient, je vous l’ai déjà dit, j’ai entendu parler d la vôtre à de nombreuses reprises…
-Pas moi.
-Dommage, mais là n’est pas la question. Cette photo montre qu’elles s’entendaient très bien, leur regard complice ne trompe personne, et c’est certainement cela que notre corbeau  voulait que l’on découvre ensemble.
-Pour que nous nous fassions confiance? Vous y allez un peu vite, mais admettons, dans quel but?
-Gagner du temps, je suppose.
-Que vous soyez capable d’un raisonnement aussi tordu ne plaide pas pour votre innocence.
-Peut-être qu’il plaide en faveur de mon intelligence, répondit-il.
-Et de votre modestie.
-Quelqu’un nous manipule; à quelle fin, je n’en sais rien. Mais en unissant nos efforts, nous aurons plus de chance de le démasquer.
-Et ça, il ne l’aurait pas prévu?
-Si, certainement, et c’est un risque qu’il a choisi de courir.
-Pourquoi il et pas elle?
-Exact, c’est une question que je peux me poser.
-Je croyais que nous devions nous faire confiance. Et c’est moi qui l’ai posée…
-Ce qui plaide en faveur de votre sincérité, à moins que vous ne soyez plus retorse…
-Que vous?
Nous nous sommes observés un long moment, un serveur est venu nous demander si nous étions enfin prêts à commander. George-Harrison choisit un Lobster Roll et comme je n’arrivais pas à détacher mes yeux des siens, j’ai manqué terriblement de personnalité en prenant la même chose que lui.

 

 

 

 

 

 

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